Bilan 2016 et perspectives du secteur agroalimentaire

Jean-Philippe GIRARD, président de l’ANIA a dévoilé ce matin à la presse le bilan 2016 de l’industrie alimentaire. Les entreprises agroalimentaires souffrent d’une double baisse de leurs marges et de leur compétitivité.

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Jean-Philippe Girard

Jean-Philippe Girard

Président de l'ANIA

Depuis son élection au siège de Président de l’ANIA en 2013, Jean-Philippe Girard s’attache à restaurer la confiance des consommateurs dans l’alimentaire et à recréer du lien entre les PME, les grands groupes et les régions.

Président Directeur Général d’Eurogerm qu’il a fondé en 1989, il dirige aujourd’hui plus de 200 personnes impliquées dans la recherche, le développement et la commercialisation d’ingrédients destinés aux industriels de la meunerie et de la boulangerie. Jean-Philippe Girard assure également la fonction d’administrateur de l’ANIA depuis 2002.

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Face à ce signal inquiétant pour la première industrie de France, l’ANIA a présenté 12 leviers d’action à activer dans le cadre du prochain quinquennat présidentiel, que Jean-Philippe Girard explique en vidéo ici.

En 2016, l’industrie alimentaire se maintient en tête des secteurs industriels français avec un chiffre d’affaires stable de 172 milliards d’euros (+1.1% vs 2015). Premier employeur industriel du pays, les entreprises agroalimentaires emploient directement 427 213 salariés, pour une création nette de 4 333 emplois par rapport à 2015.

Malgré ces résultats qui montrent notre résilience, notre dynamisme et notre place majeure dans le paysage économique du pays, l’industrie alimentaire française subit un double décrochage de ses marges et de sa compétitivité, causée par la hausse du prix des matières premières, la guerre des prix, et la pression fiscale qui assomment nos entreprises.
Jean-Philippe Girard, président de l'ANIA

Dans le même temps, le secteur agroalimentaire a vu une nouvelle fois son taux de marge baisser (-3.1%, soit près de 4 points depuis 2007) alors qu’une conjonction de facteurs (CICE, pétrole, taux d’intérêt) pouvait participer à son redressement. Dans les autres secteurs de l’industrie manufacturière, le taux de marge a retrouvé (et même dépassé) son niveau de 2007.

 

La structure financière des entreprises agroalimentaires continue donc de se dégrader sous une triple pression : des prix des matières premières, des prix en GMS, de la fiscalité.

Une flambée du prix des matières premières en 2016

Dans le secteur agroalimentaire, la part des achats agricoles représente près de 55% du chiffre d’affaires total de l’industrie alimentaire contre 38% dans le reste de l’industrie manufacturière.

 

L’industrie alimentaire est donc particulièrement affectée par la hausse significative des prix de ses matières premières. Extrêmement volatile, le prix des matières premières alimentaires a augmenté de près de  14% en 2016. Pour rappel, sur une période plus longue, depuis 2004, le prix des matières premières a augmenté de près de 180% !

 

L’année 2017 devrait marquer une poursuite des tensions inflationnistes. La haute volatilité empêche par ailleurs les industriels d’avoir une visibilité correcte sur leurs approvisionnements et entraîne une grande tension sur leurs niveaux de trésorerie.

Une guerre des prix et des promotions destructrice de valeur

La guerre des prix dans la grande distribution est plus que jamais destructrice de valeur. En 2016, la déflation des prix alimentaires a atteint -1.1%, soit une déflation de près de 4% en cumul ces trois dernières années. Cette déflation continue au cours des 43 derniers mois (octobre 2013) concerne désormais toutes les catégories de produits et toutes les marques (marques nationales et marques de distributeur).

 

En 2016, un écart important de 1.8 point est même observé entre les prix des produits alimentaires et l’inflation générale. Pour rappel, il n’y avait aucun écart en 2012.

 

Depuis deux ans, la guerre des prix se double d’une guerre des promotions. Cette double peine déflationniste ne stimule même plus la consommation des ménages français. En 2016, la consommation alimentaire a encore ralenti pour atteindre +0.8%, évoluant à un rythme proche de l’évolution démographique.

Une pression fiscale accrue

La fiscalité des entreprises alimentaires françaises s’est brusquement alourdie depuis 2010 (+10% d’impôts sur la production et +13% de charges sociales) et s’inscrit à un niveau sans précédent et fait de la France une triste exception européenne en la matière.

 

Bien que représentant 20% de la valeur ajoutée au sein de l’industrie manufacturière, le secteur agroalimentaire contribue, à ses dépens, pour 50 % à la hausse de la fiscalité constatée entre 2011 et 2016.

Les 12 propositions du 1er secteur industriel de France

L’industrie alimentaire française, la deuxième européenne derrière l’Allemagne, perd progressivement du terrain face à la concurrence européenne et mondiale. Entre 2007 et 2016, sa valeur ajoutée a chuté de 14.5%. De leur côté, l’Allemagne (+0.7%), le Royaume-Uni (+11.1%), l’Italie (+20.6%) et l’Espagne (+22%) ont augmenté la leur.

 

Le secteur agroalimentaire français a pourtant de nombreux atouts à faire valoir. Pour que la première industrie de France puisse retrouver ses marges et sa place sur la scène internationale, l’ANIA a rappelé le contenu des 12 propositions, qu’elle avait adressées aux candidats à la Présidence de la République.

 

L’ANIA leur demande de s’engager aux côtés des 17 647 entreprises agroalimentaires afin de :

  1. Recréer de la valeur dans la filière alimentaire en assurant des relations apaisées entre les acteurs
  2. Recréer de la confiance avec les entreprises agroalimentaires
  3. Redonner des marges de manœuvre économiques et relancer les exportations
La grande ambition de l’industrie alimentaire française est de redonner de la valeur à l’alimentation. Cette ambition collective nécessite la contribution de chaque acteur. Nous comptons sur le prochain quinquennat et sur le prochain président de la république pour faire gagner notre industrie et notre pays.
Jean-Philippe Girard, président de l'ANIA