[CONFERENCE] Première conférence du Contrat Stratégique de la Filière Alimentaire

RSE, numérique, emploi, export… des projets collectifs et ambitieux pour construire l’alimentation et les entreprises de demain

 

Mercredi 22 mai, se déroulait la première conférence du Contrat stratégique de la filière alimentaire (CSFA) au Hub de Bpifrance à Paris.

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Ce contrat s’inscrit dans un plan de reconquête pour le premier secteur industriel français avec la définition de 4 axes stratégiques et structurants qui permettront de relever les défis liés aux évolutions sociétales et technologiques. Ce contrat rassemble l’ensemble des acteurs : industriels, coopératives, organisations syndicales, partenaires privés, organismes de recherche et l’État autour d’un objectif commun : répondre à l’exigence de compétitivité et de modernisation de tout la filière alimentaire.

 

Richard Girardot, président du comité stratégique de la filière et président de l’ANIA l’a rappelé dans son discours d’ouverture :

« Renouveau, reconquête, renaissance. Ces mots sont à la mode en ce moment. Quand on vient à parler de reconquête, c’est qu’on a la volonté d’attaquer, d’aller de l’avant. Si la renaissance est possible, c’est parce que nous avons la meilleure équipe pour le faire : 18 000 entreprises, qui ont su garder une présence industrielle dans tous les territoires, qui défendent des savoir-faire français, qui jouent collectif avec l’agriculture. Nos joueurs sont bons : ils innovent, ils offrent du goût, du plaisir, de la qualité. Avec Dominique Chargé, Président de Coop de France, nous sommes les coachs de l’équipe. Nous croyons en elle. Et nous croyons en notre projet de conquête parce que chacun des programmes qui vous seront présentés ici est une opportunité de marquer et d’avancer. Je lance ici le coup d’envoi et je vous donne rendez-vous avant la fin d’année pour vous présenter nos avancées, nos réussites ! »

1. Accélérer le déploiement de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans la filière

 

La RSE, est un axe majeur de travail du CSFA, sur lequel Coop de France s’est fortement engagée.

Dominique Chargé, Président de Coop de France, a rappelé qu’aujourd’hui « Il y a de fortes attentes sociétales et environnementales de la part des consommateurs.  C’est notamment par 3 engagements que la filière va pouvoir s’inscrire pleinement dans la transition agroécologique.

  • Développer l’auto-évaluation avec Valorise le portail d’auto-évaluation RSE des fournisseurs et des distributeurs, en partenariat avec GreenFlex.
  • Lever les freins des entreprises en informant, formant les salariés aux enjeux du développement durable. L’intégration des trois piliers du développement durable, développement économique local, équité sociale et réduction de l’impact environnemental, est un facteur de motivation des équipes, de cohésion sociale qui redonne du sens au travail des salariés.
  • Accompagner les entreprises qui souhaitent réduire leur consommation énergétique et leurs déchets avec l’action « TPE PME gagnants » menée par l’ADEME. »

 

2. Le numérique : une révolution au service de la sécurité, de la traçabilité et de la transparence de l’information pour répondre aux demandes des consommateurs et accélérer la nécessaire transition digitale de la filière.

 

Daniel Nairaud, Directeur général du Fonds français Alimentation et Santé, a présenté le projet ambitieux de numérisation des données des produits Num-Alim : « Pour restaurer la confiance des consommateurs, il faut redonner une identité aux produits. Nous allons pouvoir le faire avec le catalogue numérique des aliments : CodeOnline Food, véritable répertoire des « cartes d’identité » des aliments présents dans les linéaires. Ensuite, nous mettrons en place Num-Alim, plateforme qui intègrera une multitude des jeux de données qui serviront de « carburant » aux outils numériques d’aide à la décision du futur, outils et applications dédiés aussi bien aux opérateurs de la filière alimentaire qu’aux consommateurs. Avec les applications de 2ème et 3ème génération, qui proposeront des services beaucoup plus complets que le seul tri des aliments selon leur composition, les consommateurs seront en capacité de manger au plus proche de leurs besoins, sans rompre avec leur culture et avec leurs préférences alimentaires. Num-Alim est la pierre angulaire de l’alimentation ultrapersonnalisée de demain ».

 

Pour Guillaume Ardillon, Directeur digital de la coopérative Terrena, qui participe au projet La Nouvelle Agriculture, « il faut donner le pouvoir à chaque maillon de la filière. La donnée est le carburant de cette nouvelle économie. Les consommateurs ont besoin de preuves. Ils demandent de l’authenticité, pas seulement dans leur produit mais aussi dans l’information ». L’entreprise s’est déjà lancée dans la collecte de données auprès de ses producteurs et éleveurs. « En grandes cultures, 7000 agriculteurs saisissent les informations de suivi. Dans notre filière volaille, 100% des éleveurs saisissent toutes leurs données. Demain, le consommateur pourra personnaliser son cahier des charges ».

 

Le secteur agricole s’est lui aussi saisi des outils numériques. La FNSEA vient de lancer Numagri, dont l’objectif est de collecter l’ensemble des données des exploitations. Livraison d’aliments pour les animaux, traitements, interventions diverses seront répertoriés dans ce catalogue agricole. Pour Henri Bies-Péré, Vice-président de la FNSEA « Il faut décloisonner, nous devons travailler tous ensemble, faciliter le quotidien de l’agriculteur, redonner de la valeur dans le produit agricole, dans notre alimentation. Le consommateur doit accepter de payer un peu plus pour plus de traçabilité ». Henri Bies-Péré a également insisté sur la nécessité d’assurer un niveau de sécurité optimal dans la saisie et transmission des données. Cela est rendu possible grâce à la charte Data-Agri.

 

Matthieu Vincent, fondateur de la start-up DigitalFoodLab, a rappelé « la nécessité de travailler avec des acteurs extérieurs. Les entreprises alimentaires n’investissent pas assez en France dans les start-up numériques ». La question de « la lecture et de l’interprétation des données » va se poser. Selon lui, « le consommateur va se tourner vers un nouveau tiers de confiance qui va décrypter l’information pour lui. Pour ces outils type Yuka, il reste encore à trouver un modèle économique ».

 

Enfin, Gilles Babinet, entrepreneur du numérique et professeur à Sciences Po, est revenu sur le rôle du numérique qui va « remettre l’agriculteur au cœur de la cité. Il y a aujourd’hui une volonté de revenir à des circuits courts. Le numérique va nous y aider. La Supply Chain, c’est au monde agricole de se l’approprier et de travailler sur l’impact environnemental ». Gilles Babinet a également évoqué la nécessité de se saisir de l’intelligence artificielle pour les acteurs de la filière.

 

3. Les clés du dynamisme de l’emploi dans les territoires avec la mise en place d’un projet d’expérimentation intersectoriel pour favoriser l’emploi dans les territoires.

 

L’industrie alimentaire compte près de 430 000 salariés en France. Il reste encore 21 000 emplois non pourvus par an dans le secteur. Dans un contexte défavorable d’attractivité et de métiers en tension, les branches de l’industrie s’associent dans les territoires pour bâtir des solutions collaboratives partagées.

 

Nadine Crinier, Directrice régionale Hauts de France de Pôle emploi et Philippe Lamblin, Délégué aux emplois Région/Etat Hauts-de-France sont venus présenter le projet inter-industrie qui s’appuie sur une expérimentation dans les Hauts de France conduite par l’ANIA, OPCALIM et la Métallurgie (UIMM).

 

Nadine Crinier, Directrice régionale Hauts-de-France de Pôle emploi : « En 2019, dans la région des Hauts de France : 33 000 emplois sont à pourvoir et 1 entreprise sur 2 estime qu’elle va avoir du mal à recruter.  Parmi les freins : l’adéquation entre les attentes des employeurs et les compétences des candidats, le niveau des salaires et les problèmes de mobilité avec des sites de production souvent éloignés des zones urbaines. Avec le projet inter-industrie, on passe un cap, une mise en mouvement. Nous devons aller chercher des compétences, créer des formations, favoriser l’apprentissage. La demande est là ! Pour réussir il faut créer la rencontre, le dialogue entre les entreprises et les demandeurs d’emplois. »

 

Pour Philippe Lamblin, Délégué aux emplois Région / Etat Hauts-de-France, « Les gens travaillent en silos. On gagne du temps quand on travaille ensemble, entreprises, pouvoirs publics, organismes spécialistes de l’emploi et de la formation. Il faut inventer des voies différentes, des solutions cousues main sur les territoires. Instaurer le dialogue, la rencontre. Il y a des a priori et des préjugés à la fois chez les employeurs et les demandeurs d’emploi. Il faut que les jeunes apprennent à connaitre très tôt l’entreprise. L’image de nos entreprises est déconnectée de la réalité, il faut la reconnecter ! A quand un Top Chef sur l’industrie agroalimentaire ? Il faut être fiers de nos usines, il faut les ouvrir au grand public, aux écoles.

 

Antoine Baule, Directeur Général de Lesaffre, a fait part de son expérience dans son entreprise « Le numérique est une opportunité pour l’emploi. Nous recrutons la majorité de nos salariés sur les réseaux sociaux. On a aussi notre part de responsabilité concernant l’attractivité de nos métiers. Le déploiement du digital en production et en supply chain permet l’amélioration de la compétitivité et l’embauche de nouvelles compétences… Mais pour cela, il faut il faut investir et aujourd’hui beaucoup d’entreprises de l’agroalimentaire ont énormément de mal à le faire. Nous devons mobiliser nos salariés qui sont les meilleurs ambassadeurs de notre secteur. »

 

4. Le développement des protéines du futur pour faire de la France un leader mondial des nouvelles sources protéiques.

 

Avec son expertise sur les filières agricoles, alimentaires et protéiques, la France dispose des compétences nécessaires pour se positionner comme un des leaders mondiaux dans l’approvisionnement en protéines à l’horizon 2030. Néanmoins, plusieurs actions et leviers doivent être mis en œuvre pour renforcer, valoriser, et développer davantage le secteur et lui conférer un avantage concurrentiel certain et durable face aux acteurs étrangers.

 

Anne Wagner, Corporate Research & Development Director de Tereos et Présidente de Protéines France revient sur l’approvisionnement en protéines comme enjeu stratégique mondial majeur pour nourrir les populations et préserver la planète. « L’Europe importe plus de 60% de ses besoins. La France est le cinquième producteur mondial et le deuxième exportateur. La durabilité de la production et de la valorisation des protéines en France constitue donc un énorme défi que les acteurs peuvent relever collectivement. Protéines France, en s’appuyant sur l’expertise et les compétences nationales, doit nous permettre de soutenir la croissance du secteur protéique français, en lui conférant un avantage concurrentiel durable et en accompagnant ses innovations sur les marchés et auprès des consommateurs. »

 

Guillaume Daoulas, Head of Strategic Marketing d’Ynsect et coordinateur du GT Open (start-up) de Protéines France « Demain, notre ferme d’insectes produira 20 000 tonnes de protéines. Notre ambition est de contribuer à un système alimentaire mondial plus cohérent et durable. La démarche présente également un intérêt sur le plan environnemental : les protéines d’insectes utilisées en aquaculture peuvent se substituer à la farine poisson. »

 

5. La valorisation de la richesse de nos banques de ferments, pour démontrer le savoir-faire unique de nos entreprises et de nos structures de recherche en la matière.

 

Antoine Baule, Directeur Général de Lesaffre, et Pascal Philibert, Directeur Général de Philibert Savours, étaient venus parler du projet « Ferments », une plateforme de recherche mutualisée permettant d’accélérer le développement de produits fermentés alimentaires innovants. L’objectif est de conserver une position de la France, parmi les leaders mondiaux, dans la recherche fondamentale et appliquée sur les ferments et produits fermentés.

 

Pour Antoine Baule « La fermentation concerne de très nombreux produits de notre patrimoine gastronomique français, le fromage, les yaourts, la bière… Les enjeux de santé autour de la flore intestinale et du microbiote font l’objet d’une très grande attention. En 10 ans, le nombre de brevets sur ce sujet a été multiplié par 10. La France est encore dans le top 5 des pays les plus impliqués dans la recherche mais il y a urgence pour que nous nous maintenions dans la course ». Pascal Philibert rappelle également l’urgence pour la France de rester compétitive en la matière « PME, ETI, grands groupes, nous pouvons être parfois concurrents, mais nous devons être tous engagés dans la recherche. La France doit garder son rang dans ce domaine. »

 

6. Accompagner le changement d’échelle des PME avec la mise en place du premier accélérateur dédié au secteur agroalimentaire et valoriser l’image France à l’international

 

Aujourd’hui le constat est sans appel : 2 entreprises françaises sur 10 exportent versus 8 sur 10 en Allemagne. Seuls 21% du chiffre d’affaires des industries agroalimentaires sont réalisés à l’export. Et seuls 30% de ce CA sont réalisés par les 17 000 PME. Les concurrents européens grignotent des parts de marché. L’export est donc vital pour les entreprises. Les entreprises ont besoin de relais de croissance dans un marché domestique stable, seul l’export peut apporter cet oxygène.

 

Julie Blanchot, responsable du Pôle connaissance et soutien aux entreprises agroalimentaires au Ministère de l’agriculture et de l’alimentation a rappelé l’implication des pouvoirs publics dans la création d’un accélérateur agroalimentaire pour accélérer la croissance et la compétitivité des PME avec un financement du ministère de l’Agriculture et de l’alimentation à la hauteur d’1 million d’euros par promotion.

 

Ségolène de Lafarge, chargée de mission de Accélérateur PME-ETI : « 19 entreprises du savoir-faire français ont été sélectionnées pour faire partie de la première promotion de l’accélérateur agroalimentaire. Elles bénéficieront, pendant 2 ans, d’un programme d’accompagnement sur mesure. Notre objectif est d’aider les entreprises à prioriser leurs projets avec un accompagnement ciblé et personnalisé tenant compte de leurs contraintes, afin d’accélérer leur croissance et faire face aux défis de demain. La coopération entre grands groupes, PME/ETI et start-up est une des clés de la réussite de cet accélérateur. »

 

Pour Yves Faure, Président d’Agro’Novae qui participe au programme « Il est primordial de se mettre en réseau pour relever les défis de l’innovation et de l’export. Changer ses pratiques, sa stratégie demande bien sûr de l’argent mais aussi du temps. Il faut être très patient, ne pas se lancer trop vite. Il faut impliquer tous les salariés de l’entreprise. Grâce à cet accélérateur, on se sent moins seul, c’est une aventure autant business qu’humaine. »