[Conserves de poissons] Une filière française en danger

Les fabricants français de conserves de poissons doivent faire face à de fortes augmentations de leurs coûts de production. Pour la première fois, les trois espèces majeures du marché sont toutes touchées : thon, maquereaux et sardines.

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ADEPALE

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Fédération adhérente de l’ANIA, l’ADEPALE a pour objectif d’assurer la représentation, la défense mais aussi la diffusion de l’information pour les entreprises de produits alimentaires élaborés.

 

Avec plus de 250 entreprises de l’alimentaire réalisant un chiffre d’affaires de 12 milliards d’euros et employant près de 50 000 salariés, l’ADEPALE (Association Des Entreprises de Produits ALimentaires Elaborés) représente un des principaux regroupements professionnels de l’industrie alimentaire, premier secteur industriel de France.

 

L’ADEPALE a été créée en 2001 par des  syndicats désireux de mettre en commun leurs moyens et leurs ambitions, afin d’assurer un service optimisé à leurs adhérents, pour l’essentiel des PME et des ETI (entreprises de taille intermédiaire).

 

Depuis janvier 2015, ces syndicats sont au nombre de 5 :

-les Entreprises du traiteur frais (ETF),

-la Fédération des industries d’aliments conservés (FIAC),

-les Entreprises des Glaces et Surgelés (Les EGS),

-la Fédération nationale du légume sec (FNLS)

-le Syndicat de la rizerie française (SRF).

 

Site internet : www.adepale.org

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Le cours du thon connaît des hausses très marquées depuis le début de l’année : +30% pour le thon albacore et +25% pour le thon listao en juin 2016 par rapport au 2nd semestre 2015 ; le thon blanc culmine quant à lui à près 3 000 euros la tonne depuis plus d’un an, soit près de +40% vs 2014. Pour les maquereaux, les conserveries observent déjà des niveaux de prix exceptionnels pour la nouvelle saison 2016-2017, de l’ordre de +35% par rapport à la saison 2015-2016. Les cours des sardines font également un bond fulgurant : +49% en moyenne sur la période juin-août 2016 par rapport à la même période en 2015.

 

Ces hausses record résultent de la combinaison de nombreux facteurs. Dans un contexte de changement climatique, la pêche ne constitue en effet plus le seul déterminant de l’état de la ressource, qui dépend également de la température des eaux, des croissances planctoniques, des migrations, des compétitions entre espèces, etc.

 

Par ailleurs, ces hausses des cours des poissons s’accompagnent de l’augmentation du cours de l’huile d’olive, ingrédient essentiel aux conserves de poissons. Entre juin 2014 et juin 2016, le prix de l’huile d’olive a progressé de +30%.

 

Les conserves de poissons sont des produits du quotidien incontournables des cuisines françaises : elles sont présentes chez plus de 9 ménages sur 101. Mais aujourd’hui, cette flambée des cours des matières premières met la filière en grand danger. Le manque de matière première risque d’entrainer une réorganisation du travail dans les conserveries ainsi que des ruptures d’approvisionnements, alors que ces produits sont plébiscités par les consommateurs. De plus, les entreprises sont dans l’impossibilité d’assumer seules la hausse des coûts de production, sans un appui des distributeurs. À terme, si aucune mesure n’est prise en ce sens, c’est la pérennité même des entreprises du secteur qui est remise en question.

1 93,5 % de ménages acheteurs – Source : KantarWorldPanel – 2015

Les 3 poissons majeurs du marché des conserves concernés par des hausses de prix à deux chiffres

Suite à des hausses déjà subies l’an passé, les trois principales catégories de poissons du marché des conserves sont cette année encore concernées par l’augmentation des cours. En effet, thon, sardines et maquereaux sont affectés par l’augmentation à deux chiffres, voire même par des problèmes d’approvisionnements ou de disponibilités par manque d’apports.

Une hausse généralisée des cours pour des causes multiples

Les principales raisons de la hausse des cours en fonction des espèces :

Maquereaux : le renforcement de la maîtrise des quantités pêchées entraîne une restriction de l’offre : en 2 ans, le Total Admissible de Captures (TAC) a ainsi diminué de 28%. Une diminution des captures à laquelle il faut ajouter une reprise de la demande internationale, en particulier du Nigéria, du Japon et de la Russie. La pression de la demande est d’autant plus forte que les stocks des opérateurs sont vides et que le quota de pêche est en baisse. Cette opposition entre une offre à la baisse et une demande à la hausse génère de fortes tensions sur le marché.

Sardines : une espèce « théoriquement » abondante, mais ses conditions de croissance et de migration rendent les spécimens commercialisables de plus en plus difficilement capturables. Ainsi, après une saison 2015 en retrait, la saison débute avec du poisson maigre, peu utilisable en conserverie et principalement destiné à l’exportation ; la saison est particulièrment mauvaise en Bretagne, avec une forte demande des rayons marées. Les sardines utilisables par les conserveries sont donc en forte diminution et à des niveaux de prix encore jamais atteints.

Thon : Les trois espèces de thon (albacore, patudo et listao) connaissent des restrictions de pêches en Océan Indien, en lien avec les mesures de gestion et notamment la mise en place d’un FIP (Fisheries Improvement Project), entraînant une diminution notable de l’offre. Pour le thon Blanc (germon) une pêche moindre en Pacifique Ouest et en Océan Indien, couplée à une forte demande, expliquent la remontée des prix.

Le saumon et les Saint-Jacques restent également à des niveaux de prix élevés, impactant les conserveurs.

 

Par ailleurs, suite à une forte demande sur la pêche responsable pour toutes les espèces, les moyens mis en oeuvre viennent renchérir les coûts de production. En effet, les professionnels se sont notamment engagés dans des démarches responsables qui se traduisent par d’importants investissements au niveau des techniques de pêche, de la surveillance, des mécanismes de traçabilité, de la logistique, etc. De plus, les risques de remontée des cours du pétrole font peser une importante menace supplémentaire sur les coûts de production des pêcheurs, le carburant restant leur premier poste de dépenses.

Maintien d’un niveau exceptionnellement élevé des cours de l’huile d’olive

Les conserveurs, déjà confrontés à une hausse des cours des poissons, doivent également faire face à la flambée des prix de l’huile d’olive depuis l’année dernière, ingrédient majeur dans les conserves de poissons.

En effet, malgré une légère baisse de prix en 2016, les cours de l’huile d’olive se situent toujours à des niveaux historiquement élevés. Depuis le début de l’année 2016, ils se situent dans une fourchette allant de 3 500 à 4 000 € la tonne selon l’index Mundi (Source FMI), alors qu’ils plafonnaient à 2 400-3 000 € / tonne entre juillet 2010 et juillet 2014. En juin 2016, le surcoût estimé de la tonne d’huile d’olive était de +30% comparé à juin 2014.

 

Cette tendance à la hausse devrait se poursuivre durablement puisque la consommation mondiale continue de progresser au rythme de +6% par an. Avec des volumes mondiaux produits qui resteront inférieurs (Italie, Grèce, Tunisie) à la demande malgré la bonne récolte annoncée en Espagne, et des acteurs disposant de trésorerie pour maintenir des cours élevés, les niveaux de prix demeureront hauts.

 

Le Groupe “Poissons conservés” de la FIAC (Fédérations des Industries des Aliments Conservés) représente les conserveries françaises, qui comptent 16 sites répartis sur le littoral. Ces entreprises emploient 2 500 collaborateurs, produisent chaque année environ 315 millions de conserves de poissons et réalisent un chiffre d’affaires annuel d’environ 850 millions d’euros.