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Interview Inno de Tom François, PDG de Hermes Boissons

Françoise Gorga, Directrice Recherche et Innovation de l’ANIA a rencontré Tom François, PDG de Hermes Boissons. Avec plus de 110 ans d’activité, la société Hermes Boissons est le spécialiste Européen des jus de fruits frais. En 2019, Hermes Boissons est devenu l’unique acteur au monde en capacité de développer des jus pressés à froid selon un procédé semi continu.

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ANIA

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👩🏻💻 Hello Tom ! 👋🏻 Merci d’avoir accepté ma proposition d’interview. On a eu l’occasion d’échanger lorsque Hermes Boissons a déposé un dossier en réponse à un appel à projets de France Relance. On se retrouve aujourd’hui pour parler de toi, de Hermes Boissons, de ta vision du secteur agroalimentaire. Alors, Tom, qui es-tu ?

Bonjour Françoise, je m’appelle Tom François, j’ai 39 ans. Je suis marié et père de deux enfants. J’ai également l’honneur de diriger la société Hermes Boissons depuis 2019 année à partir de laquelle nous avons mené un plan d’investissement d’ampleur avec notamment la mise en place d’une technologie HPP qui a le double avantage de permettre d’étendre la conservation de produits frais (fruits, légumes, jus, laits…) tout en préservant leurs caractéristiques initiales et naturelles à savoir, le goût, et les carracteristique physico chimiques sans aucun ajouts.

 

👩🏻💻 Tu peux nous en dire plus sur Hermes Boissons et vos activités ?

Notre entreprise à ses origines en 1880 sur la commune de Hermes et était connue à l’époque comme la Laiterie de Hermes. Cette période a été marquée par des innovations fortes de la part des équipes avec notamment le développement de techniques de pasteurisation.

Cependant, en 1984 l’entreprise est confrontée à la crise des quotas laitiers et à l’intelligence de se réinventer dans la l’embouteillage de jus de fruits en utilisant ses procédés de pasteurisation. L’entreprise vit une période de croissance forte et attire les convoitises. Elle est rachetée par le Groupe PesiCo en 1998 et devient l’embouteilleur des jus Tropicana eu Europe.

En 2018 PepsiCo décide d’abandonner le site que je reprends avec ses équipes afin de faire évoluer radicalement notre mode de fonctionnement en vue de passer d’un embouteilleur à un transformateur puisque nous pressons désormais quotidiennement des fruits frais mais aussi par le développement de la pascalisation (HPP) en alternative à la pasteurisation qui dégrade les qualités des produits frais et ne permet pas de répondre aux attentes des consommateurs.

Un journaliste spécialisé dans l’agroalimentaire fera une remarque assez caustique lors de sa visite chez nous en notant “image paradoxalement rare, dans ce site de jus fruits, il y a des fruits”. Cette transformation nous permet notamment de développer des filières en France.

 

👩🏻💻 Comment a débuté ton histoire avec ton entreprise ?

Mon histoire a débuté simplement. J’ai rejoint l’entreprise en tant que directeur du développement et ai mis en place une feuille de route et un plan stratégique à 3 et 5 ans qui visait à produire des jus fraîchement pressés. Ce marché est particulièrement mature dans les autres pays européens et, en dépit des interrogations récurrentes des consommateurs sur les jus et de la nécessité de s’adapter, la France accusait un retard titanesque sur ces produits et aucun outil industriel en mesure de répondre à la demande.

J’ai la chance d’avoir rejoint des équipes bénéficiant d’une très forte expertise qu’il a fallu conduire à s’interroger sur leur métier et comment l’améliorer et le faire évoluer afin de répondre aux attentes des consommateurs.

Notre constat était simple les jus pasteurisés ont la défaveur des consommateurs à la recherche de produits sains naturels. L’objectif pour nous était de répondre au mieux à leurs attentes et centrer nos efforts sur leurs questionnements en toute transparence.

Nous avons également la chance d’avoir obtenu le soutien de la région Hauts de France puis de devenir lauréats France Relance et intégrer l’accélérateur agroalimentaire mis en place par le ministère de l’Agriculture pour l’alimentation de demain.

 

👩🏻💻 Quelles sont les prochaines grandes échéances pour Hermes Boissons?

Sur le plan du développement, notre entreprise a traversé la crise sanitaire en plein lancement de notre gamme de jus fraîchement pressé La Jucerie. Aujourd’hui cette marque est très bien reçue de la part des consommateurs et enseignes et nous avons dernièrement reçu le prix de l’innovation Carrefour. Notre objectif est d’être disponibles au plus grand nombre en France et en Europe.

Parallèlement nous étudions d’autres développements qui devraient émerger en 2022. Nos équipes R&D sont en constante ébullition et sollicités par d’autres acteurs du marché autour de projets dans l’alimentation et la conservation de produits frais sans additifs, conservateurs ou process de transformation lourds.

Le gouvernement a invoqué la troisième révolution agricole et dans cette veine nous avons recentré notre méthode fabrication sur l’amont avec la réintégration de la transformation de produits primaires qui est un facteur de différenciation fort. Il va de soi que les problématiques climatiques, d’alimentation durable et de circuit courts sont plus que jamais au cœur de nos préoccupations et ici aussi nous étudions des pistes d’avenir pour rapatrier en france la chaîne de valeur.

 

👩🏻💻 Hermes Boissons s’est construit autour d’une technologie innovante peux tu nous en dire plus ?

Bien sûr. Je tiens à dire qu’en tant qu’industriel nous avons fait le choix de changer nos process avec la mise en place en première mondiale d’un procédé de pascalisation ou haute pression à froid dont les qualités sont reconnues depuis le 19eme siècle et pour lequel il existe quantité d’études et recherches et dont le developpement s’est intensifié ces 15 dernières années.

Ce procédé consiste à appliquer une pression de plus de 400 megapascal à des produits bruts et a pour action une destruction des mico-organismes permettant une conservation étendue de produits crus. Cette technique est une alternative à la pasteurisation qui a le défaut d’entrainer une dégradation des produits et de leurs qualités naturelles et à l’ultra frais qui ne permet que des durées de conservation de l’ordre de 24 à 48 heures et par conséquent des taux de pertes importants.

Très simplement, cette technique n’entraine aucune thermisation ou cuisson des produits et permet donc de préserver notamment les vitamines qui sont thermosensibles, les caractéristiques physico chimiques ainsi que le goût naturel des produits bruts.

 

👩🏻💻 Si tu pouvais prendre des mesures pour aider les PME françaises à se développer, quels genres de mesures prendrais tu ?

Il est actuellement question de réindustrialisation et souveraineté alimentaire. Or ces sujets doivent être traités de manière globale. Je constate qu’il y a trop de freins à l’innovation en France et pourtant c’est bien ce qui permet aux PME sur le territoire de se différencier, de s’ancrer sur le long terme et de créer de la valeur.

Nous avons fait le choix de rapatrier toute la chaîne de transformation en France et sommes actuellement en mesure de créer des filières après de producteurs locaux avec un très fort potentiel. Cette démarche nécessite des investissements et donc un cadre favorable à l’industrialisation de nouveaux procédés stratégiques.

Cependant je constate un déficit du corporate venture en France et milite pour la mise en place de financements pour les start up industrielles sous forme de fonds propres ou de prêts industrialisation afin d’impulser des projets innovants et permettre à la France d’activer des leviers potentiel de réindustrialisation des territoires.

 

👩🏻💻Enfin pensons à demain : comment envisages tu le futur du secteur agroalimentaire ?

L’agroalimentaire est aujourd’hui le premier secteur industriel Français et a un rôle clef dans la vitalité économique Française, mais aussi des territoires.

La révolution alimentaire du début des années 60 a permis l’emergence de l’industrie agroalimentaire Française qui s’est caractérisé par une recherche de qualité mais surtout par une dynamique d’innovation et R&D forte. Ce travail explique le succès de l’IA Française à l’étranger.

Aujourd’hui les consommateurs souhaitent plus de transparence et cette demande s’est cristallisée dans l’apparition de scoring tels que Yuka, ScanUp, Siga, Nutriscore ou encore Numalim. Je pense que les industriels doivent apporter les réponses au risque de voir leur travail remis en question. Ils ne faut pas avoir peur de montrer comment fonctionnent nos entreprises et les démarches mises en place pour s’adapter constamment à l’évolution des modes de consommation.

De la même manière il faut accompagner les entreprises dans leurs projets de développement et innovation pour permettre une réindustrialisation et faire de la France la championne du monde de l’alimentation durable.