Note de conjoncture économie n°88 d’avril-mai 2018

Quelles voies de rebond pour le secteur agroalimentaire ?

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Auteur

Stéphane Dahmani

Stéphane Dahmani

Directeur Economie

Au sein du département économie et compétitivité, Stéphane DAHMANI suit les dossiers relatifs à l’économie et la compétitivité du secteur agroalimentaire.

Son rôle est de représenter l’ANIA dans différentes instances (MEDEF…) et auprès des Pouvoirs Publics et d’apporter son expertise aux commissions, groupes de travail et services de l’ANIA. Ses principales fonctions sont d’assurer le suivi d’indicateurs économiques et de panel et la production d’une veille sur le secteur agroalimentaire. Il participe également à la rédaction de notes de conjoncture, de positions et d’argumentaires sur le secteur, dont il assure la synthèse et la diffusion auprès de nos différents adhérents (fédérations, entreprises).

Auparavant il était Economiste pendant 5 ans à la Direction Générale du Trésor. Il a notamment eu en charge, pendant 4 ans, la réalisation de prévisions macroéconomiques (Inflation, Consommation des ménages et Croissance) au sein du service des Politiques macroéconomiques et des affaires européennes (SPMAE) de Bercy. Plus récemment, il était le responsable du suivi des entreprises françaises (situation économique et financière) et rapporteur au sein de l’Observatoire du financement des entreprises, auprès de la Médiation du crédit.

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Le secteur alimentaire français offre un potentiel de développement important. Premier pays européen en termes de nombre d’entreprises, la France comporte toutefois presque deux fois moins d’ETI-Grandes entreprises alimentaires que l’Allemagne. Dans ce contexte, la France fait face à plusieurs défis : une taille et une modernisation des équipements insuffisantes, une concurrence internationale accrue et des relations au sein de la filière sous tension.

Au regard des évolutions passées, du retard d’investissement cumulé et des besoins unitaires des entreprises, un besoin de financement de l’ordre de 27 milliards d’euros à horizon de 5 ans permettrait à la France de répondre à ces enjeux, tout en se rapprochant des performances observées en Allemagne (depuis 2013, l’investissement en biens d’équipement s’est contracté de 2 % contre un envol de +50 % en Allemagne). Un investissement plus offensif, qui prépare l’avenir, est vecteur de débouchés, notamment à l’export : 70 % des entreprises présentes à l’export ont ainsi innové au préalable. Dans ce cadre, les entreprises agroalimentaires récemment sondées par l’ANIA ont mis en exergue plusieurs leviers de croissance, parmi lesquels : le développement des compétences, la mise à disposition de sources de financement diversifiées pour les entreprises, l’innovation, et enfin la force du réseau à l’export permettant d’identifier les opportunités de marché.

1- Portrait robot d’une entreprise alimentaire : des entreprises le plus souvent familiales qui s’inscrivent dans une perspective de long terme et de pérennité

Récemment interrogées par l’ANIA, les entreprises alimentaires sont le plus souvent familiales (pour 70 %). Elles expriment le besoin d’un cadre réglementaire et fiscal stable et prévisible, comme préalable indispensable à toute démarche de croissance. Si d’un point de vue quantitatif, le financement n’apparaît pas comme un frein majeur à la bonne tenue de l’activité des entreprises, certaines activités indispensables au développement des entreprises (innovation) nécessitent une intervention publique. Par ailleurs, l’ouverture du capital reste encore peu répandue pour les IAA, qui déclarent privilégier des sources de financement dites « classiques » (bancaire, autofinancement).
9 entreprises interrogées sur 10 déclarent avoir investi en 2018, pour un investissement essentiellement axé sur la modernisation et l’introduction de nouveaux produits où services, ce qui confirme le rôle moteur de l’IAA s’agissant de l’innovation, dans un secteur industriel qui compte 61 % d’entreprisesinnovantes, plus qu’aucun autre en France.

2- Comment assurer le rebond de l’IAA en France : s’adapter en premier lieu aux attentes des consommateurs

La mobilisation de personnel qualifié apparaît aujourd’hui l’enjeu majeur de développement des entreprises, notamment dans un secteur qui compte 17 000 emplois non pourvus par an. L’adaptation des produits aux attentes des consommateurs, devenus de plus en plus exigeants sur la qualité et la traçabilité des produits qu’ils consomment, requiert une innovation constante. Celle-ci doit pouvoir trouver des sources de financement adaptées (notamment pour les TPE-PME). Pour les entreprises présentes à l’export, elles doivent désormais s’adapter à des marchés exigeants en termes de concurrence, tout en maintenant une attention particulière sur la demande extérieure. Le maintien d’une solidité affirmée sur le marché domestique reste préalable incontournable pour les entreprises alimentaires, qui demeurent depuis plusieurs années, contraintes par des relations particulièrement tendues avec la GMS.

En résumé, les IAA devront lever des freins qui pèsent à la fois sur leur marché domestique (recrutement, relations filières) que sur les marchés export (coûts des facteurs, adaptions à la concurrence) pour assurer leur développement. Celui-ci permettra notamment d’enrayer la baisse de la productivité du secteur, qui demeure globalement continue depuis plusieurs années.

Les autres informations de la note de conjoncture :

  • Panorama Europe : inflation et production encore modérées – Décrochage de la production en France par rapport au reste de la zone euro
  • Consommation en France : décélération des dépenses depuis 3 ans
  • Export : un levier de croissance fondamental pour les IAA