MOBILISATION DES ENTREPRISES ALIMENTAIRES POUR DES SOLUTIONS INNOVANTES

Entreprises de l’agroalimentaire, start-ups, distributeurs, producteurs d’emballages, et plus de 20 experts étaient au rendez-vous de la journée-débats sur l’avenir des emballages organisée par l’ANIA ce lundi 27 janvier.

Mots Clés

Restez informé ! Choisissez votre newsletter


Auteur

ANIA

ANIA

Redacteur

Ceci est notre biographie

All Articles

Cette journée a permis de rappeler l’engagement fort des entreprises vers une économie plus circulaire, de valoriser les actions innovantes mises en œuvre par l’ensemble de la filière en matière d’éco-conception, de collecte et de recyclage et de permettre un dialogue constructif pour aboutir à des solutions partagées.

 

Baptiste Perrin-Fabert, Directeur du cabinet de Brune Poirson, Secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, a introduit la journée et insisté sur la nécessité d‘innover, de travailler collectivement pour inventer de nouvelle manière de concevoir et gérer la fin de vie des emballages. « La loi ne doit pas céder au plastic bashing, mais aller ver l’innovation ». Au-delà de la Loi Economie circulaire, Baptiste Perrin-Fabert a rappelé la signature d’un Pacte européen sur les emballages plastique le 6 mars 2020 et l’application de la Directive Single use plastique dont l’ensemble des mesures vont rapidement impacter le secteur.

 

Richard Girardot, Président de l’ANIA, a rappelé l’engagement des entreprises, avec leurs partenaires et leur volonté de produire mieux pour consommer mieux « Les objectifs fixés vont faire émerger de nouvelles solutions, de nouvelles innovations que vont devoir porter toutes les entreprises alimentaires quelque soit leur taille, il y a urgence mais la volonté est là ». Patrick Lesueur, Directeur Recherche & Développement chez BONDUELLE et Président du groupe de travail « Emballages » de l’ANIA, a lui aussi mis l’accent lors de son discours de clôture sur l’importance du collectif : « si nous ne travaillons pas tous ensemble, nous irons tous dans le mur. Nous devons aller plus vite et mieux prioriser. »

 

Enfin, Françoise Gorga, Directrice R&I à l’ANIA est intervenue pour présenter le projet REINWASTE qui a pour objectif de trouver des solutions pour le secteur agroalimentaire afin d’atteindre zéro déchets inorganiques.

 

Pour revoir le live sur Twitter
Quelles solutions d’accompagnement pour les entreprises et notamment les PME ?
(Présentations de CITEO et BPI France)

 

Comment accompagner les entreprises de l’alimentaire, et notamment les PMEs, dans leurs démarches liées à l’emballage ? Qu’il s’agisse de conception, d’utilisation, de collecte, de recyclage ou de recherche, des solutions existent, ainsi que des outils d’accompagnement.

La Journée Emballages organisée par l’ANIA a permis à Julien Dubourg, Directeur Relation Clients & Marketing chez CITEO, de présenter les solutions d’accompagnement proposées aux entreprises par son entreprise. Un large panel de solutions adaptables et d’outils accessibles, tels que le test de la recyclabilité des Emballages (TREE), module dédié à la fin de vie des emballages développé par CITEO et Adelphe dans le cadre du Bilan Environnemental des Emballages (BEE), ou bien tels que l’outil FEEL, qui permet aux entreprises de réduire l’impact environnemental de leurs produits de façon gratuite, simple et adaptée. CITEO propose également entre autres des sessions Webinars aux entreprises, sur des sujets multiples, et des accompagnements personnalisables.

Pour Julien Dubourg, la démarche est collective : « Il est important de mettre en place des actions conjointes et efficaces : embarquer les équipes internes des entreprises, effectuer un état des lieux en fixant des indicateurs de suivi et challenger son cahier des charges en comparant les solutions. » Et cette vision est appréciée des entreprises : le travail de CITEO a été salué par les intervenants tout au long de la journée.
Plus d’informations sont disponibles sur le site de CITEO.

 

Dans un deuxième temps, Michel Daigney, Responsable sectoriel chimie – environnement chez BPI France a présenté les dispositifs de financement de l’innovation créés pour les PME et les start-ups avec par exemple l’organisation du concours I-Nov ou l’attribution d’une Bourse French Tech. BPI France propose également depuis quelques années des accélérateurs, qui réunissent des entreprises autour de problématiques variées : ces accélérateurs proposent deux fois 10 jours de conseil et de séminaires à des chefs d’entreprise, sur une période de 12 à 24 mois : « 48 dirigeants d’entreprises agroalimentaires ont d’ores et déjà été accompagnés dans nos accélérateurs. En 2020, de nouveaux accélérateurs seront lancés dont un dédié aux industries agroalimentaires et un autre sur la transformation des déchets et l’économie circulaire. »

 

Michel Daigney a également rassuré les intervenants sur les potentielles difficultés administratives liées à ces dispositifs, et a invité les PME et start-ups intéressées à s’adresser à BPI France, et à prendre contact avec les branches régionales de l’organisation, qui disposent d’une excellente maîtrise des financements régionaux et locaux.

Plusieurs participants à l’évènement ayant bénéficié des accompagnements de CITEO ou BPI France (VirginBioPack, Fédération de la Plasturgie et des Composites) ont apporté leurs témoignages et se sont montrés dans l’ensemble satisfaits des prestations des deux organismes.
CITEO et BPI France ont réaffirmé leur volonté de rapprocher PME et grands groupes, et d’accompagner les petites structures.

 

Pour revoir le live sur Twitter
Quel avenir pour les nouvelles filières de recyclage ?
(Présentations de Carbios, Nespresso et Earthwake)

 

Au cours de cette table ronde, les intervenants ont présenté des solutions concrètes développées au sein de leur filière afin de répondre aux enjeux de la recyclabilité de leurs emballages. Ces témoignages ont nourri des échanges et permis de faire ressortir des dynamiques et problématiques communes à tous. Parmi celles-ci on soulignera :

  • le besoin de dialogue entre l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur des emballages et de mise en commun des ressources, ainsi que la complémentarité entre la gestion en aval (collecte, fin de vie) et l’accès au gisement ;
  • la nécessité de ne pas opposer les matériaux entre eux et de prendre en compte l’ensemble des enjeux (analyse de cycle de vie, choix proportionné, impact du matériau sur le produit…)
  • enjeu du traitement local des déchets en Outre-mer

 

Carbios, pionnier dans son domaine, est venu présenter son procédé de recyclage des emballages en PET et de fibres textiles. A travers l’utilisation sur le mode industriel d’une enzyme existant dans la nature, ce procédé permet la dégradation de la matière en vue de son recyclage. La principale difficulté pour Carbios aujourd’hui est celle de l’accès à la matière par une disponibilité en gisement. Pour Anne-Cécile Colin, Directrice du Business Developpement chez Carbios « Le plastique peut être recyclé à l’infini. Les premières bouteilles CARBIOS sont prévues en 2025 ».

 

Clémence Nutini, Responsable développement durable chez Nespresso, est venue présenter le Projet Métal, initié en 2014 en partenariat notamment avec l’ADEME, Citeo et des centres de tri volontaire. Ce projet a eu pour objectif de permettre la collecte et le recyclage des petits emballages en aluminium qui, du fait de leur taille et d’un manque de structure adaptée, n’était à l’époque pas recyclés. L’optimisation des équipements en centres de tri, et la simplification des consignes de tri auprès des habitants ont permis de construire de toute pièce cette filière de recyclage. « Nespresso était leader sur son marché et a donc la responsabilité de créer des solutions. Ce qui est intéressant dans le projet métal, c’est que cet enjeu va bien au-delà de Nespresso, la communication sur les petits métaux permet d’améliorer le recyclage des métaux au sens large. Les entreprises font partie de la solution. »

 

François Daniel, Directeur d’Earthwake est venu présenter son processus développé en 2018 qui transforme le plastique en carburant, un nouveau débouché pour ces déchets aujourd’hui sans solutions. « Après un voyage en Afrique, nous avons trouvé une solution low tech : une machine de pyrolyse qui chauffe à 450 degrés le plastique, casse ses molécules et les distille pour en faire un carburant. Notre machine est abordable et autosuffisante. Pas besoin d’aller chercher de l’énergie à l’extérieur. Le plus d’EARTHWAKE est de faire du diesel avec les déchets non traités et réduire leur consommation d’énergie. Cela pourrait être très utilise pour les agriculteurs, qui consomment du diesel et ont beaucoup de déchets. Il est important que l’industrie alimentaire, nous soutienne pour aller plus vite, créer de nouveaux pilotes. »

 

Pour revoir le live sur Twitter
Enjeux et solutions d’éco-conception
(Présentations d’ELIPSO, de la Fédération de la plasturgie et des composites, du Projet Glopack, d’Euramaterials et du réseau RMT Propack Food)

 

L’objectif de cette table ronde était de faire un état des lieux des solutions d’éco-conception et des enjeux pour l’industrie agroalimentaire en donnant la parole à des experts. Dans ce cadre ont été traitées les problématiques liées à l’incorporation de matière plastique recyclée, à l’utilisation de bioplastiques et de matériaux biodégradables ainsi qu’à la lutte contre le gaspillage alimentaire.

 

Emmanuel Guichard, délégué général d’Elipso, a rappelé que la manière dont les emballages plastiques avaient été conçus jusqu’à présent devait être revue : « on ne fera plus d’emballage plastique comme on le faisait avant. Pour obtenir une économie circulaire des plastiques, le rôle central est la conception des emballages. » Dans ce cadre, l’incorporation de matière plastique recyclée est devenue un enjeu majeur, comme le montre la forte augmentation de la demande et de leur utilisation. L’objectif est d’atteindre une incorporation de 470 000 tonnes de matière recyclé en 2025 via des engagements volontaires des entreprises.

 

Pour Marc Madec, Directeur Développement Durable de la Fédération de la plasturgie et des composites, les 3400-4000 entreprises plasturgistes sont actuellement dans une période charnière et complexe. C’est pour cette raison que la Fédération de la plasturgie et des composites, en partenariat avec le centre technique IPC, les ministères et l’ADEME a organisé en 2019 les Ateliers Matières Plastiques Recyclées afin de mettre en relation metteurs en marché et producteurs d’emballages. « Comment répondre aux attentes des clients qui ont de nombreuses interrogations et souhaitent notamment d’autres offres que le plastique. Le centre technique industriel est essentiel pour répondre à cette question. »

 

Valérie Guillard, Professeur UMR IATE à Montpellier est venue présenter le projet Glopack, un procédé innovant qui conçoit un emballage biodégradable à échelle humaine et intelligent pour réduire les déchets et le gaspillage alimentaire. Cet emballage est constitué à partir de polymères microbiens eux-mêmes synthétisés à partir de déchets alimentaires. « Pour développer ce genre d’emballages, il y a une vraie démarche d’écoconception avec comme élément central le besoin de conserver l’aliment au mieux pour réduire au maximum le gaspillage alimentaire. » Lien vers le site du projet

 

Frédéric Merle, Chargé de développement est ensuite intervenu pour expliquer les solutions présentées par Euramaterials. Ce pôle de compétitivité regroupant un réseau de partenaires : laboratoires, centres techniques et acteurs industriels, participe à des projets scientifiques et propose des missions de conseil pour l’éco-conception des emballages. Les missions portées par Euramaterials sont le montage de projet et l’accompagnement dans la conception d’un nouvel emballage, à travers l’élaboration d’un cahier, la définition de ses caractéristiques, et finalement le choix des process et matériaux. L’importance de la communication sur l’éco-conception du produit a été soulignée, tout comme l’intérêt croissant pour ce sujet. « Aujourd’hui les demandes des entreprises sont orientées vers la notion de fin de vie. Cela implique une révision des priorités dans les différentes étapes de conception et une évolution de la communication vers le consommateur notamment sur les consignes de tri, logos de recyclage etc. ». Plus d’informations sur les solutions d’accompagnement

 

Pour Patrice Dole, Directeur scientifique du CTCPA (Centre Technique de Conservation des Produits Agricoles) et représentant du réseau RMT Propack Food il est important de recentrer le débat sur le produit et le caractère fonctionnel de l’emballage, notamment dans le cadre de la lutte contre le gaspillage alimentaire. La part de l’emballage dans l’impact environnemental des produits alimentaires, calculé sur l’ensemble de son cycle de vie, est par ailleurs relativement faible pour la plupart du temps (environ 15%). Il est nécessaire de repenser la distribution et la conservation des produits pour rendre l’emballage plus fonctionnel et lutter efficacement contre le gaspillage alimentaire, tout d’abord en déconstruisant des idées reçues (ex : une DLC/DDM longue permettra une meilleure conservation du produit) et ensuite permettre un meilleur entre metteurs en marché et distributeurs. : « On doit repenser la qualité de conservation des produits jusqu’au point de distribution : aujourd’hui les emballages secondaires ont une qualité mécanique, mais qui ne permettent pas la préservation des produits. »

 

Pour revoir le live sur Twitter
 Témoignages de solutions alternatives et innovantes
(Présentations de (RE)SET, de Sources Alma Cristaline, Jean Bouteille et PAPTIC).

 

Après une journée d’interventions riches et de nombreuses problématiques soulevées, le dernier cycle de présentations de l’événement s’est concentré sur les success stories, qui sont nombreuses dans l’industrie alimentaire.

 

Dans un premier temps, c’est (RE)SET qui a été présenté. Il s’agit d’une entreprise de conseil 3.0 qui permet aux entreprises de conjuguer économie et écologie, et qui les accompagne dans des démarches d’économie circulaire. Initié avec Carrefour et U, RESET a créé le premier programme d’open innovation circulaire en 12 mois, construit sur 4 axes principaux : Diagnostic, Sourcing des innovations, Bootcamp et Demo Day. Pour Géraldine Poivert, Présidente et co-fondatrice, le collectif est essentiel à l’évolution des entreprises, et le programme (RE)SET s’appuie sur ce constat pour parvenir à des résultats rapides, et applicables en entreprise. Les participants à l’événement ont été particulièrement intéressés par la phase de diagnostic proposée par (RE)SET, qui se concentre sur l’enjeu des coûts industriels et l’étude des propriétés barrières des matériaux dans une optique d’équation des coûts. Plusieurs questions ont également été posées sur le Bootcamp (RE)SET : la phase finale du programme réunit les sponsors et les innovants (chercheurs, startups…) pendant deux semaines et permet la création de prototypes de solutions. A la fin de ce Bootcamp, trente pilotes testent des innovations sur des produits divers, grâce à de multiples innovations. Cette offre d’accompagnement de A à Z a intéressé plusieurs participants.

 

Agnès Jacquot, Directrice RSE Sources Alma Cristaline est ensuite venue témoigner de la création du bouchon solidaire recyclable. Cette présentation a permis aux participants de réfléchir à la nécessité d’une vision environnementale issue du sommet d’une organisation, de ses décideurs. En effet, le bouchon solidaire recyclable de Cristaline est parti d’un constat environnemental fait par son Président : 99% des bouteilles plastiques sont collectées en France mais seulement 57% des bouteilles sont recyclées. En outre, de nombreux bouchons se retrouvent dans la nature, et peuvent être dangereux pour les animaux. Pour répondre à cette problématique urgente, Cristaline s’est appliqué à mettre en œuvre une solution commercialisable – en 18 mois. Agnès Jacquot a évoqué les valeurs de l’entreprise et leur lien avec l’innovation : ils sont pour elles inséparables. En outre, elle est revenue sur la nécessité de fédérer l’enthousiaste des collaborateurs – et sur la difficulté de convaincre le consommateur dans un contexte de plastique-bashing. Ce témoignage positif, axé sur la persévérance et les valeurs des industries alimentaires, a été très apprécié des participants à l’événement.

 

Mathilde de Bortoli, chargée de Partenariats chez Jean Bouteille, a ensuite présenté son entreprise. Jean Bouteille est un fabricant, intégrateur de machines de distribution de produits liquides en Vrac pour le commerce. L’objectif : éliminer le déchet d’emballage, réutiliser le contenant et développer le réemploi plutôt que le recyclage. Quelques écueils encore : le flou juridique et règlementaire autour du vrac, et une mentalité à changer chez les distributeurs tant que chez les consommateurs. Une bonne nouvelle cependant pour le vrac : « les consommateurs sont sensibles à plus de naturalité et au gaspillage alimentaire ».

 

Enfin, la dernière présentation a été réalisée par Arnaud Jouvance, Directeur Développement France chez Paptic. Paptic est une société finlandaise à l’origine d’un nouveau matériau, appelé Paptic, destiné à se substituer au plastique dans de multiples applications packaging souple. PAPTIC est créé à partir de fibres de bois, issues de forêts durablement gérées. Un bel exemple de solution disruptive qui a déjà convaincu de grandes enseignes parisiennes. « Paptic est parti du constat qu’il n’existait pas de matériau capable de se substituer au plastique sur le plan des propriétés physiques, tout en présentant des propriétés écologiques et environnementales attractives. Contrairement au plastique, Paptic est à la fois biosourcé, biodégradable et recyclable. Les débouchés sont multiples dans le secteur de l’Emballage, (sacs boutique, enveloppes, sachets…). Dans un contexte où la question du prix est essentielle pour le consommateur et que les solutions plus vertueuses sont plus coûteuses, nous avons un vrai défi à relever : réconcilier la fin de mois et la fin de vie ».