[CP ANIA] L’efficacité hydrique, un levier de croissance stratégique pour les entreprises alimentaires

Face aux enjeux liés à la préservation des ressources des entreprises, l’ANIA et BWT organisaient le 17 avril dernier une table ronde* intitulée « Optimisation du cycle de l’eau : un levier de valeur pour les entreprises alimentaires ».

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L’occasion de revenir sur les enjeux autour du recyclage et de la réutilisation de l’eau : quelles ressources, quels usages, quels bénéfices et contraintes pour les entreprises dans un cadre réglementaire, sanitaire et environnemental de plus en plus exigeant ?

 

* Intervenants de la table ronde : Mikael Tournaux, responsable marché agro-alimentaire BWT, Dimitri Monot, ingénieur efficacité hydrique BWT, Jean-François Herlem, responsable environnement, Président du GT Environnement ANIA, Laure Droual, responsable environnement France Coca Cola European partners, Valérie Calderon-Lenoble, chargée de projet à l’Agence de l’eau, et Stéphane Gilbert, CEO Aquassay.

 

Cartographier les ressources en eau dans le secteur industriel

 

L’eau est une ressource épuisable (changement climatique, stress hydrique…), une ressource qui se dégrade, qui peut être coûteuse et qui fait face aux problématiques sanitaires émergentes (chlorates et autres perturbateurs endocriniens…). Il est essentiel, dans un monde industriel en pleine mutation (Industrie 4.0, contraintes règlementaires), d’en mesurer et d’en optimiser ses usages. Pour ce faire, il est nécessaire pour les exploitants de mieux connaitre leur ressource. Une cartographie donne un état des lieux des flux et permet, selon les usages et besoins, d’optimiser sa qualité et sa consommation. Repenser l’usage de l’eau est aujourd’hui au cœur de la stratégie des entreprises et l’efficacité hydrique deviendra leur prochain levier de croissance. Comment moins consommer, moins rejeter, améliorer la performance des installations tout en réduisant les coûts, les impacts et les risques ? Tels sont les fruits du questionnement initié par le partenariat entre l’ANIA et BWT pour accompagner les entreprises dans le management du cycle de l’eau.

 

Valoriser le recyclage et la réutilisation des eaux usées

 

L’efficacité hydrique passe par la mise en place d’une stratégie de recyclage des eaux perdues, telles sont les conclusions d’une enquête menée par BWT au sein des différentes filières alimentaires. En évaluant les besoins, les intérêts et les contraintes selon les typologies des industries, la réutilisation des eaux usées est un élan que semblent prendre les entreprises. Elles peuvent être pour cela accompagnées, selon leur niveau de consommation d’eau, son coût et les usages qu’elles en ont. La réutilisation de l’eau peut se faire à plusieurs niveaux, en boucle courte ou en boucle longue, et faire appel à différentes techniques et/ou technologies (membranes, osmose, ultrafiltration.). Elle suit certes les incitations externes (pouvoirs publics), mais également des motivations internes fortes des entreprises (engagement environnemental). Les résultats de l’enquête montrent que près de 60% des entreprises de l’alimentaire veulent augmenter leur part de recyclage de l’eau et que 90% de celles qui se sont engagées dans cette démarche procèdent à la réutilisation de l’eau en boucle courte.

 

« Il faut véritablement intégrer la réutilisation des eaux usées dans la notion d’efficacité hydrique. Pour cela, il est nécessaire de mesurer l’impact des équipements et leur efficacité, savoir où agir en matière de recyclage, boucle courte ou longue en sortie de STEP, et valoriser véritablement la réutilisation de l’eau, sa réintégration dans le process. La réalité du stress hydrique arrivant, il faut évoluer et ouvrir de nouvelles portes de réutilisation. » concluait Mikaël Tournaux, Responsable agro-alimentaire, BWT.

 

Appliquer le spectre de l’Industrie 4.0 dans la maîtrise du traitement de l’eau

 

L’intégration de l’outil digital dans le management de l’eau prend tout son sens dans la gestion de son cycle et de sa maîtrise. Il offre tous les avantages d’une remontée de données en continu ainsi que d’une visibilité et d’un état des lieux en temps réel. Il permet de faire de l’alerting et ce bien avant le dépassement des seuils requis.

Des outils simples et intelligents sont d’ores et déjà à la disposition des entreprises, une analyse intelligente des indicateurs permet d’anticiper, de prévenir mais également de simplifier les opérations de contrôle de leurs installations tout en diminuant les coûts d’exploitation et en réduisant l’impact et les risques environnementaux. L’exploitant peut être informé en temps réel et tous les problèmes et/ou dysfonctionnements peuvent être gérés dans l’immédiateté soit par l’automate soit par l’humain.

 

« La modélisation, le deep learning, l’intelligence artificielle amèneront à la comparaison en temps réel de ce qui se passe et de ce qui doit se passer, à la possibilité d’interagir et de lever tous les signaux faibles » complétait Stéphane Gilbert, CEO Aquassay et intervenant lors de la table ronde.

 

Protéger, réduire, compenser… la gestion responsable de l’eau selon Coca Cola European partners

 

La gestion responsable de l’eau s’inscrit dans la stratégie globale de développement durable « En Action » menée depuis de nombreuses années par Coca Cola European partners (CCEP). Avec un ratio d’eau d’1,27 litre, la France est le pays leader au sein du système Coca Cola et affiche clairement ses priorités :

  • Protéger la ressource eau par la réalisation d’études hydrogéologiques de l’approvisionnement et la mise en place d’un plan d’action dans chacune des usines,
  • Réduire la consommation d’eau sur site par la réalisation d’une cartographie des usages de l’eau dans les usines, l’équipement de systèmes automatisés de supervision, la mise en place de bonnes pratiques (optimisation des stations de lavage, recyclage de l’eau dans le rinçage final des sanitations, lubrification à sec des convoyeurs…), l’investissements dans de nouvelles technologies (rinceuses à air, nouvelle laveuse de bouteilles en verre consignées avec recyclage de l’eau), caméras de contrôle pour éviter le rinçage… ;
  • Compenser via l’appui d’un partenariat depuis 5 ans avec WWF en France pour la restauration de zones humides en Camargue.

 

« Des priorités dans lesquelles sont impliqués nos collaborateurs au travers d’actions de sensibilisation et de formation afin de devenir acteur au quotidien de la politique durable du groupe » soulignait Laure Droual, responsable environnement France Coca Cola European partners.

 

Accompagnement et aides dans l’optimisation de la matière première : l’eau

 

Les entreprises peuvent bénéficier d’un accompagnement de l’agence de l’Eau sur l’ensemble du territoire. Celle-ci préconise que pour être performant, il faut connaitre son outil et son usage et, avant toute chose, préserver sa matière première : l’eau. Pour soutenir les entreprises dans la préservation de l’eau, l’agence de l’Eau les accompagne techniquement et financièrement dans leurs actions de protection des ressources. Elle facilite les concertations, planifie, programme, évalue les actions à mettre en place.

 

Elle peut, sur acceptation de dossiers, financer en partie par exemple, la mise en place de technologies propres, d’un système de gestion à la source des eaux pluviales, des travaux d’épuration ou encore apporter une aide à la collecte et l’élimination des effluents concentrés ou à la mise en place de solutions pour économiser l’eau.… De nombreuses informations sont disponibles pour les entreprises notamment sur les différentes aides accordées sur http://www.lesagencesdeleau.fr/.

 

« Il est important de fédérer, de connaitre et de mobiliser chacun pour faire de l’eau une ressource d’avenir. Il y a de plus en plus de choses à faire, à mettre en place, compte tenu des besoins d’adaptation aux évolutions climatiques. Il faut que cela se sache, préserver l’eau est une affaire d’hommes et de techniques dans le milieu industriel. C’est aujourd’hui qu’il faut agir d’autant que d’ici quelques mois le taux des aides risque d’être selon la loi moins intéressant » interpellait Valérie Calderon-Lenoble, chargée de projet à l’Agence de l’Eau.