Jean-François Loiseau : “La France unit ses forces pour défendre ses 520 000 emplois”

Jean-François Loiseau : “la France unit ses forces pour défendre ses 520 000 emplois”
A la veille de la tenue de l’AG et de la grande convention de l’industrie alimentaire, Jean-François Loiseau prend la parole dans les Echos pour appeler à l’union face à la concurrence européenne.
Retrouver l’interview ci-dessous

Agroalimentaire : l’appel à l’union sacrée face à la concurrence européenne
Par Paul Turban
https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/agroalimentaire-lappel-a-lunion-sacree-face-a-la-concurrence-europeenne-2173067

L’Ania, désireuse de tourner la page des divisions internes, remonte au front pour soutenir une industrie agroalimentaire française éprouvée. Son président juge nécessaire une consolidation des entreprises tricolores face à la concurrence.

Avec plus de 220 milliards de chiffre d’affaires et 520.000 emplois, l’agroalimentaire pèse « plus que l’automobile, ou l’aviation », souligne Jean-François Loiseau.

Rien de tel qu’un combat commun pour resserrer les rangs. Alors qu’il fête sa première année à la tête de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), son président, Jean-François Loiseau, appelle à l’union sacrée du secteur.

En amont d’une assemblée générale placée jeudi sous le signe de la réconciliation, il plaide auprès des « Echos » pour une consolidation et un choc de compétitivité pour l’agroalimentaire. « Dans l’industrie du grain ou l’industrie de la volaille, par exemple, nous devons consolider plus que jamais », estime celui qui préside par ailleurs la coopérative céréalière Axereal.

« En France, il y a un frein quasi bureaucratique, car l’Autorité de la concurrence estime que ça risque de nuire à l’intérêt du consommateur. Mais à la fin, il y a un risque d’effritement du tissu industriel. Le sujet de la concurrence doit être abordé sous l’angle de la compétitivité. Nous devons créer de grosses entreprises de taille intermédiaire, comme en Allemagne », conclut-il.

Faire front

Les économies d’échelle permises par de tels acteurs sont d’autant plus nécessaires que Jean-François Loiseau met en avant les marges très faibles du secteur. Si l’Ania avance « une moyenne d’environ 6 % de l’Ebitda » à l’échelle du secteur, certaines filières comme la charcuterie ont des niveaux de rentabilité plus dégradé.

De quoi grever les investissements alors qu’une ligne de production sur trois a plus de 25 ans, rappelle l’Ania ; ou renforcer l’endettement : pour les industriels français, la dette financière nette atteint en moyenne 2,5 fois leur Ebitda.

Face à la concentration de la distribution, entre rachats et centrales d’achat européennes, et la concurrence de l’Italie et de l’Allemagne notamment, la nécessité pour l’agroalimentaire français de faire front est plus importante que jamais.

Arrivé à la tête d’une Ania minée par les divisions, Jean-François Loiseau et son équipe ont réussi à remettre le navire à flot.

Après avoir empêché le départ des très puissantes Fédération nationale de l’industrie laitière (FNIL) et des Brasseurs de France, l’association a récemment rallié le Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale (SNIA) et ainsi que celui des pâtes (SIFPAF). Et elle ne veut pas s’arrêter là. Lui manquent encore les métiers des vins et spiritueux, de l’abattage de la viande, ou encore de la conserve.

Un appel du pied

Avec plus de 220 milliards de chiffre d’affaires et 520.000 emplois, « nous pesons plus que l’automobile, ou l’aviation, mais nous sommes beaucoup plus atomisés », regrette Jean-François Loiseau.

Face à la concurrence étrangère, notamment européenne, l’Ania compte bien se faire davantage entendre. « Nous devons faire bloc pour défendre et promouvoir toujours plus et mieux la production alimentaire », insiste-t-il.

« Je fais un appel du pied aux dernières fédérations qui ne sont pas adhérentes pour qu’enfin l’agroalimentaire parle d’une seule et même voix unifiée », lance-t-il. L’Adepale, devenue entre-temps Pact’Alim, a par exemple quitté l’association en 2009, sans retour pour l’instant.

Une réforme des statuts doit dans cette logique être adoptée jeudi pour rééquilibrer les rapports de force au sein de l’institution, entre les petites et les grandes entreprises et entre les régions afin de gommer l’image de lobby des grands groupes.

Le bureau de l’Ania va également voir la création de vice-présidences thématiques (compétitivité, relations avec l’amont, avec le commerce, export, etc.) chargées de porter plus largement la voix de l’agroalimentaire auprès des adhérents mais aussi dans l’espace public.