[CP] Répercussions hausse du prix des matières premières agricoles

A un mois de la clôture des négociations commerciales annuelles entre la grande distribution et ses fournisseurs, l’ANIA tient à alerter sur la tension qui s’exerce sur le maillon industriel français liée à la montée significative des prix des matières premières agricoles d’une part et la poursuite de la guerre des prix de la grande distribution d’autre part.

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Auteur

Stéphane Dahmani

Stéphane Dahmani

Directeur Economie

Au sein du département économie et compétitivité, Stéphane DAHMANI suit les dossiers relatifs à l’économie et la compétitivité du secteur agroalimentaire.

Son rôle est de représenter l’ANIA dans différentes instances (MEDEF…) et auprès des Pouvoirs Publics et d’apporter son expertise aux commissions, groupes de travail et services de l’ANIA. Ses principales fonctions sont d’assurer le suivi d’indicateurs économiques et de panel et la production d’une veille sur le secteur agroalimentaire. Il participe également à la rédaction de notes de conjoncture, de positions et d’argumentaires sur le secteur, dont il assure la synthèse et la diffusion auprès de nos différents adhérents (fédérations, entreprises).

Auparavant il était Economiste pendant 5 ans à la Direction Générale du Trésor. Il a notamment eu en charge, pendant 4 ans, la réalisation de prévisions macroéconomiques (Inflation, Consommation des ménages et Croissance) au sein du service des Politiques macroéconomiques et des affaires européennes (SPMAE) de Bercy. Plus récemment, il était le responsable du suivi des entreprises françaises (situation économique et financière) et rapporteur au sein de l’Observatoire du financement des entreprises, auprès de la Médiation du crédit.

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Des matières agricoles qui flambent

Dans le secteur agroalimentaire, la part des achats agricoles représente près de 55% du chiffre d’affaires total de l’industrie alimentaire contre 40% dans le reste de l’industrie manufacturière. Sur certaines catégories de produits, le prix de la matière première peut peser jusqu’à 80% du coût de production. L’industrie alimentaire est donc particulièrement affectée par la hausse significative des prix de ses matières premières. Pour rappel, depuis 2004, leur prix a augmenté de près de 180%.

 

Extrêmement volatile, le prix des matières premières alimentaires a augmenté de 12% en 2016.

 

Quelques exemples marquants de hausse en 2016 :

 

  • Le prix du blé tendre a progressé de 16%
  • Le prix du lait s’est envolé progressant de plus de 30%
  • Le prix du beurre décolle de +56 %
  • Le prix du saumon fumé a explosé à +60%
  • Le prix du porc a augmenté de 22%
  • Le prix de l’huile de colza a augmenté de 16%
  • Le prix de l’huile d’olive a augmenté de 16%également

Une guerre des prix dans la grande distribution qui perdure

Néanmoins ces hausses de prix, aussi vives soient-elles, ne se répercutent toujours pas le long de la chaîne de valeur. En effet, les centrales d’achat de la grande distribution négocient toujours leurs tarifs sur une base déflationniste, niant totalement le contexte économique de leurs fournisseurs.

 

Sur la même année 2016, la déflation alimentaire a atteint -1,1% en moyenne. Dans le secteur alimentaire, la déflation perdure depuis 38 mois consécutifs (octobre 2013), pour atteindre près de 4% au total.

 

Il est indispensable que les négociations commerciales en cours se réorientent vers un cadre plus responsable et plus durable en prenant en compte les hausses de matières premières agricoles dans la construction du prix.

La première industrie du pays se situe actuellement entre le marteau de la montée des cours agricoles et l'enclume de la déflation dans la grande distribution. La situation est intenable et particulièrement périlleuses dans certains secteurs agroalimentaires. De nombreuses entreprises sont déjà en proie à des difficultés majeures.
Jean-Philippe Girard, Président de l'ANIA